Conseils aux autodidactes

Savoir écouter la musique…

J’ouïe !

La matière première de la musique, c’est le son !

Dans un précédent article, nous vous avons proposé une petite méthode pour acquérir de « grandes oreilles », aptes à saisir les sons les plus subtils…
C’est bien sûr par là qu’il faut commencer !

Écoute
Sculpture de Henri de Miller

Ensuite il faut commencer à exercer son oreille à l’écoute de la musique. Ce « savoir-écouter », tout-à-fait indispensable pour le musicien, s’acquiert une fois encore par un apprentissage patient.

Mais alors que pour l’écoute des sons, on a appris à « focaliser » sur un son afin de le « détacher » de son environnement sonore et en prendre ainsi pleinement conscience, on va maintenant « globaliser ».

Il va falloir traiter plusieurs informations en même temps et c’est un exercice difficile au début, comme d’ailleurs tous les exercices de dissociation qui demandent une activité importante du cerveau… Mais ce dernier a plus de ressources qu’on ne le croit souvent, et c’est bien sûr en l’exerçant qu’il acquiert toutes ces capacités.

La démarche

On va d’abord commencer par ce que l’on a déjà expérimenté [1], à savoir distinguer un détail noyé dans un ensemble qui le masque.

Pratiquement, on va exercer son écoute sur une partie de l’ensemble instrumental, par exemple en suivant avec la plus grande attention le discours d’un instrument. L’instrument soliste est facile à suivre, et souvent la ligne de basse aussi. On commencera bien sûr par ceux-là.

Puis on va s’intéresser aux instruments moins mis en évidence et qui sont facilement masqués par l’ensemble, pour finalement remarquer qu’on peut aussi le plus souvent les entendre avec assez de précision, à condition bien sûr d’en prendre conscience. Même s’ils sont peu audibles au milieu des autres on va enfin réaliser « en conscience » qu’ils participent pleinement à la structuration sonore. Progressivement, on va conquérir l’aptitude à discerner les détails les plus fins, auparavant noyés dans la masse sonore, et inaudibles.

Une fois acquis cette nouvelle compétence, on va maintenant s’attacher à exercer une écoute globale mais en essayant cependant de discerner les détails dans le même temps, et sans jamais perdre la conscience du tout. On peut présenter ça en somme comme une écoute simultanée qui s’exerce sur plusieurs niveaux d’un même objet sonore.

Évidement, il n’y a pas d’oreilles parfaites qui puissent tout saisir en une fois [2], aussi il faut faire plusieurs écoutes de la même œuvre, et avancer progressivement.

Enfin, il serait bien dommage d’avoir de si « grandes oreilles » et de se contenter d’écouter ! La phase sans doute la plus importante vient ensuite… Il faut analyser ce que l’on a écouté pour vraiment faire profit de nos efforts ! Puis vient le jour où l’analyse se fait dans le temps même de l’écoute…

Ici, j’en vois quelques-uns qui se disent : "tout ça c’est bon pour la musique savante, la musique classique !". Ils ont bien tord ! L’analyse musicale est un outil de connaissance parfaitement polyvalent et qui s’applique à tous les styles.

Tous les styles méritent d’être analysés !

Vous pouvez commencer par le style qui vous est le plus familier, ou par celui que vous aimeriez jouer, mais ne vous cantonnez pas à ce premier choix… Allez voir ailleurs ! C’est une clé excellente pour augmenter vos compétences, et in fine, vous acquerrez une culture musicale bien utile.

Analyse
Fiche d’écoute

Une aide précieuse dans toute cette démarche consiste à utiliser une fiche d’écoute qui cible les différents « objets » constituant la musique sur lesquels on peut s’exercer. Bien sûr, on utilisera cette fiche au niveau où l’on en est… Et en essayant d’aller toujours plus loin !

[1Voir : Savoir écouter…

[2Encore que Mozart était capable de ré-écrire intégralement une œuvre d’un de ses collègues après une seule audition ! Mais c’était Mozart…

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